Météo typiquement bretonne en ce samedi 5 août pour une nouvelle observation des algues et animaux, vivant dans cet écosystème particulier qualifié de «champ de blocs mobiles». Ici, des blocs de cailloux de dimensions très variables. Ne pas se fier à leur taille dans le choix de l’exploration. Parfois, on découvre cinq à six espèces, ou davantage à leur face inférieure, à l’abri de la lumière. Il s’agira de les reposer délicatement, certains animaux étant très fragiles.

En ce début d’après midi, plus ensoleillé, le groupe estran de RBBBM accueille les amis de Preserv’action Terre et Littoral, sur site dès le matin pour un nettoyage de la plage et des criques de Trenez (une dizaine par an sur les côtes de Moëlan), des vacanciers du Jura, déjà à nos côtés en été 2022, et quelques nouveaux découvrant l’île percée et son littoral à marée basse. Ici, pas question de parcourir de longues distances, nos découvertes se feront là, tout près de la plage. Allons voir ce que nous réserve l’estran aujourd’hui !

Construction réalisée par les Hermelles
Ver gélatineux et tubes calcaires abritant d'autres vers

Ce sont d’abord les constructions sablonneuses des Hermelles recouvrant de nombreux rochers qui intriguent certains d’entre nous. Formés de tubes superposés, chaque tube est le résultat du travail patient d’un ver marin, un Annélide (polychète) dit «ingénieur». Il a collé les petits éléments inertes du milieu pour se loger, l’eau de mer apportant la nourriture et l’oxygène à marée haute. Plus tard, nous rencontrerons des vers gélatineux erratiques, tandis que d’autres vivent dans des petits tubes blancs calcaires fixés aux rochers, sédentaires comme les Hermelles.

A proximité, c’est l’envahissant groupe des Echinodermes qui s’impose, ainsi nommés pour la présence de «piquants» portés par leur peau et caractérisés par leur symétrie de type 5. Les trois espèces d’étoiles de mer toujours au rendez-vous, les ophiures aux longs bras graciles, dont l’ophiure noire, assez rare ici, les oursins petits verts et les violets. Surprise, un long concombre noir est caché dans une anfractuosité où il attend le retour de l’eau. Son corps mou ne pique pas. Prudence, quand on le manipule, il peut réagir en rejetant par son anus, des filaments internes extrêmement collants et même une partie de son appareil digestif. Un moyen défensif contre une agression dérangeante, à éviter !

Ponte abandonnée
Aplysie ou Limace de mer (15 à 20cm)

Parmi tous les Mollusques bien représentés, le regard est attiré par quelques ormeaux à la coquille légèrement enroulée au sommet, gastéropodes comme les escargots, ils glissent rapidement sur le caillou, fuyant la lumière qu’on leur impose, respectons leur besoin d’obscurité et laissons-les tranquilles !

La ponte blanche que voici, a été abandonnée par une limace que nous ne pourrons nommer. Ce n’est pas celle d’une Aplysie ou lièvre de mer, que nous dénichons enroulée, informe, peu attirante pour qui ne la connait pas. Pourtant, remise à l’eau, la boule brune ou verdâtre se détend, étale son manteau et nage avec aisance. Notre « pisse-vinaigre » peut aussi se manifester en rejetant un liquide violet quand elle est agressée. Nous en serons donc privés !

Peu de représentants des Tuniciers sauf les merveilleux Botrylles étoilés formant de petites colonies, ce n’est pas leur lieu de résidence favori.

Quelques Botrylles étoilés regroupés en petites colonies

Le niveau très bas de l’eau permet de retrouver les champs de «haricots de mer» ou Himanthalles, algues brunes dont les organes reproducteurs se sont grandement développés au printemps. Ces derniers très longs s’étalent, délaissés par les cueilleurs qui les préfèrent plus fins et tendres dans leur assiette. La comparaison avec le légume des jardins est justifiée. Mais attention à ne pas en abuser, toutes les algues concentrent les métaux lourds !
Regardons aussi le fond des cuvettes d’eau de mer aux couleurs rosées,. Les algues rouges, calcaires, qui les tapissent en sont responsables.
Quant aux Ulves ou laitue de mer, toujours abondantes en été, elles représentent le groupe des algues vertes.

Himanthalle ou haricot de mer
Algue rouge encroûtante

Toutes ces espèces marines, et beaucoup d’autres non décrites, que nous prenons plaisir à retrouver et à faire découvrir, sont certainement menacées par nos activités diverses. Elles ont cependant leur place et leur rôle à jouer, dans divers domaines (sources de molécules …), et dans les chaînes alimentaires, dont celles qui mènent aux crustacés, mollusques, poissons que nous consommons.
Il revient à chacun de les protéger !