Comme l’a rappelé notre coprésident, l’origine et la raison d’être de Rivières et Bocage, c’est la DEFENSE de la QUALITE de l’eau sur notre territoire et particulièrement sur le Bélon. Nous sommes là pour connaître et alerter .
Or cette qualité se dégrade , c’est une évidence .
Voici la carte du Bélon avec ses 3 parties . On y voit les 3 zones artificiellement définies : amont /intermédiaire /et aval, suivies sur le plan bactériologique par l’Ifremer (REMI). Les couleurs montrent un gradient de concentration bactérienne d’amont en aval en situation à peu près habituelle (photo Ifremer 2020) : – l’amont en rouge fait l’objet d’une interdiction permanente de pêche à pied;– l’intermédiaire en vert, zone d’élevage ostréicole classée en B, correspond à une concentration trop forte en bactéries pour permettre une commercialisation directe (re parcage nécessaire pour purification) ; – l’aval= en bleu clair et plus foncé, zone ostréicole également, donc suivie, est généralement et logiquement le moins pollué par ce qui vient de la terre.
Voici quelques extraits de cartes du site «pecheapied-responsable.fr »en 2024 visualisant les zones d’interdiction de pêche à pied. La situation est dramatique cette année : interdiction de pêche à pied quasi permanente depuis le 10 mai tout le Bélon est impacté, parfois l’amont et l’intermédiaire parfois amont et aval seuls, libérant l’intermédiaire. Cela ne facilite pas la compréhension pour les pêcheurs à pied.L’enjeu est évidemment majeur pour l’activité conchylicole si le Bélon est déclassé en C
Parallèlement nous avons eu cet été, comme l’an dernier, une pollution bactérienne également, avec interdiction de baignade à la plage Kerfany (qui avait déjà perdu son pavillon bleu l’an dernier). On voit la proximité entre le Bélon et la plage, mais le ru est aussi en cause.
Les prélèvements ne sont pas assez fréquents en saison : tous les 15 jours, ce n’est pas suffisant compte tenu de l’augmentation des sources de pollution, due à l’augmentation de la population .
Tout comme d’autres associations en Bretagne dont « Eau et Rivières de Bretagne », nous réclamons des prélèvements plus fréquents et plus durables dans la saison. Nous profitons de cette AG pour relayer un appel d’ERB qui souhaite des bénévoles pour effectuer des prélèvements bactériologiques toute l’année dans les plages et les estuaires bretons. La plage de Questélan (Riec) a été proposée, sur le Bélon. S’il y a des volontaires dans la salle, ils pourront entrer en relation avec l’animatrice ERB, responsable du projet.
Pour essayer de prévenir et comprendre la pollution des plages, nous réclamions à la mairie, depuis des années le fameux profil de baignade ou « profil de vulnérabilité », répertoriant toutes les sources potentielles de pollution sur le Bassin Versant. Cet inventaire, nous l’avons finalement trouvé dans l’excellente étude de l’Ifremer publiée en 2022 .
Mais Il semble que nous ayons enfin été entendus, puisque depuis quelques jours des fiches de synthèse de ce profil, sans doute mis à jour, sont affichées à Trenez et Kerfany . Nous essayons d’obtenir l’étude complète.
Les pollutions de notre ria et des plages sont essentiellement d’origine bactérienne, fécale, humaine et animale, E.Coli cache souvent d’autres bactéries et virus pathogènes associés.
Pour la pollution humaine, les Stations d’Epuration (step) membranaires semblent suffisamment dimensionnées maintenant. Par contre, les bassins lagunaires d’aval : déversoirs débordant en temps de pluie et les réseaux d’assainissements collectifs et non collectifs non conformes , en mauvais état, posent problème.
La rive gauche du Bélon (côté Moëlan ) est bien ciblée dans l’étude de l’Ifremer, pointant tous les sites sensibles, assainissements à ciel ouvert encore.
A ces causes, se surajoutent surtout l’été (et signalée dans l’étude Ifremer) : les plaisanciers qui n’utilisent pas les bacs installés au port pour vider leurs eaux noires, les campings qui ne sont pas à l’abri, en ces années pluvieuses, de débordements également.
Pour la pollution animale, notre bassin versant compte une soixantaine d’exploitations. Pour agir et diminuer les effets des déversements de lisiers, accidentels ou non dans les cours d’eau , nous réclamons, également : la reconstitution d’un vrai bocage pour limiter le ruissellement, de véritables haies sur talus (arrêtant la terre également). L’étude de l’Ifremer soulignait l’érosion sensible dans le sous-bassin versant du Bélon qui participe pour 65 % des apports (l’autre sous bassin : Dourdu) où la densité bocagère est faible
Tout cela est bien connu .
Face à ces constats, il faut chercher et trouver des solutions. Par courrier du 10 juin, nous avons décidé à nouveau d’alerter, non seulement nos élus de Moëlan et de Riec, Quimperlé Communauté QC puisque le maire de Riec en est le président, mais encore la préfecture et l’Agence Régionale de Santé (ARS). Une pétition sur le marché le 27 août a été approuvée et signée par la population de Moëlan et des environs ainsi que par beaucoup de touristes et résidents secondaires .
Il y a une conscience générale du problème, mais aussi un constat d’impuissance face au coût financier et l’ampleur du problème.
Nous réclamons des actions comme le classement du Bélon en zone à enjeu sanitaire = les ZAES (sujet évoqué au SAGE, Syndicat de gestion des eaux Sud Cornouaille, lors des réunions auxquelles nous participons) dont bénéficie déjà l’Aven par décision préfectorale. Cela permet d’accélérer et de favoriser la mise en conformité des Assainissements non collectifs (ANC) défaillants. Permet de réduire les délais réglementaires, pour mise en conformité à partir des contrôles (4 ans actuellement, 1 an si vente), d’obtenir des aides financières de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, et pas seulement pour celles qui présentent un rejet en milieu naturel. Ce classement permet et prévoit aussi des règles pour lutter contre les pollutions diffuses d’origine agricole et celles liées aux activités de loisir (nautisme, campings cars)
Une carte du réseau hydrographique du bassin versant du Bélon, montre l’importance du « chevelu des cours d’eau» et l’ampleur des pollutions potentielles agricoles. C’est un « travail de Titan » pour remonter tous ces cours d’eau nous dit Mme Kha à QC, et qui est bien consciente du problème . Titan ou plutôt « fourmis » à organiser en réseaux. Nous appelons de nos vœux une coopération entre les pouvoirs publics, mairies et Quimperlé Communauté QC, ostréiculteurs et agriculteurs (Mme Kha l’évoque) et associations environnementales comme nous en avons parfois des amorces.
Un exemple récent, mi octobre : une pollution malodorante du Dourdu, affluent du Bélon, est signalée par 1 pêcheur de l’ Association Agréée pour la Protection des Milieux Aquatiques (AAPMA). Il alerte à la fois l’OFB (Office Français de la Biodiversité) et Eau et Rivières de Bretagne (ERB) en la personne de D. Tanguy avec qui nous travaillons souvent étroitement. Suite au procès verbal dressé par l’OFB nous prenons la relève immédiatement sur le terrain pour vérifier si la pollution persiste. DONC nous rappelons cette Importance de travailler en réseau. Merci aux pêcheurs qui nettoient également nos rivières, pour cette démarche.
Toutes les associations se plaignent : – du non retour des conclusions de l’OFB aux lanceurs d’alerte ;– du silence de la Direction Départementale des Territoires et de la Mer (DDTM), de l’ARS (Agence Régionale de Santé) , de la préfecture ; – des difficultés pour obtenir des données. Il y a peu de communication sur ce sujet sensible compte tenu des impacts économiques et touristiques négatifs. Les conclusions sur les origines des pollutions bactériologiques des plages est une obligation légale. Or ce n’est pas fait à Moëlan. Les affichages (baignade, pêche) sont souvent en décalage, ou tardifs.
Et notre plancton dans tout cela ?
C’est un indicateur pertinent et un témoin indirect de l’état des eaux et de sa dégradation. Nous avons eu l’occasion lors de nos 2 conférences de 2023, d’expliquer en quoi il est vital pour tous. Une eau de qualité doit être écologiquement de qualité, permettre la vie de la flore et de la faune pour des chaînes alimentaires de qualité
Nous continuons avec enthousiasme, à 2 le plus souvent désormais, à effectuer le suivi tous les 15 jours, toute l’année Nous souhaitons de l’aide, des bénévoles motivés, que nous pouvons former. Il faudra bien préparer la relève.
N’oubliez pas d’aller sur notre site où nous mettons des photos, des petits articles, le bilan du 1° semestre 2024, l’évolution, nos inquiétudes.
L’apport, la charge en matières organiques, nitrates, pesticides, amendements, lisiers, métaux lourds, enrichissent le milieu, c’est l’eutrophisation. Cela créée un déséquilibre qui a des effets sur le plancton. Or celui ci est à l’origine de toutes les chaînes alimentaires marines.
Notre étonnement cette année vient surtout de l’apparition, en grand nombre sur nos lames, du dinoflagellé Dinophysis, filtré par les huîtres et potentiellement à l’origine de toxi infections alimentaires collective ( TIAC ) gastro entérites parfois sévères dues à la toxine qu’il sécrète . Assez rarement observé jusqu’aux années dernières, il prolifère désormais et est permanent toute l’année avec 3 espèces différentes bien visibles, accompagné de nombreuses autres espèces de flagellés.
Dinophysis vient de la mer, ne représente pas une pollution en lui-même. (inoffensif pour les huîtres) Son développement actuel semble du au réchauffement de l’eau de mer, au changement de luminosité, de ph , de salinité. C’est complexe. Il trouve dans l’eau que nous disons « polluée » par les bactéries, l’alimentation qui lui convient ou lui suffit. Son abondance actuelle est peut-être le témoin qu’il se passe quelque chose de pas très favorable pour nous. En effet, il est moins bon pour la photosynthèse (produit moins d’O2) et pour la valeur nutritionnelle de ses protéines. Il risque de donner des poissons plus petits (comme déjà les sardines ?)
Mais la présence de Dinophysis ne semble pas empêcher les diatomées (dont la plupart nous sont très favorables) de se développer également. Il y a un changement de proportions, de répartitions , mais nous avons encore des observations superbes qui nous fascinent… comme la dernière du 20 novembre.