Le plancton du Bélon : bilan du 1er semestre 2024

Une star indésirable monte en puissance

L’année 2024 commençait bien avec un plancton varié lors de nos deux relevés de janvier : proportions satisfaisantes de diatomées et de copépodes, nos meilleurs témoins de la qualité de l’eau du Bélon.

Plancton varié janvier 2024
Au centre, un rotifère et une larve de copépode

Un veilleur menaçant, semble pourtant monter la garde.

Deux cellules d'algues Dinophysis nées par division de la cellule-mère

Dès février, le bel équilibre fragile disparaît avec un retour des dinoflagellés et de nombreux kystes attendant des conditions favorables pour exploser.

Néanmoins les bonnes diatomées sont nombreuses ainsi que les copépodes et autres zooplanctons assez variés.

Mars, avril, mai, alternent entre blooms (efflorescences) de diatomées et blooms de dinoflagellés

Mikado de Rhizosolenia
Cellules arrondies de Noctiluc scintillans

Les diatomées Rhizosolenia, dominent largement les autres espèces .

Les dinoflagellés Noctiluc scintillans (phosphorescents la nuit) leur succèdent alternativement.

Non toxiques mais « étouffants », les Noctilucs sont généralement annonciateurs de compères dangereux pour les semaines suivantes.

Effectivement le début de mois de juin se révèle inquiétant.

Sur un fond tapissé de Noctilucs, voici une abondance de Dinophysis jamais vue depuis 15 ans d’observation du plancton du Bélon .

Dinophysis en nombre étonnant sur cette lame
Coincés entre deux Noctilucs
Observation au grossissement 600 du microscope
Espèce : Dinophysis caudata x 600

Connu depuis 1983 au printemps sur nos côtes, on le repère désormais presque toute l’année (confirmé par nos partenaires de Port Louis )

Rappelons que ce plancton sécrète une «toxine» dangereuse pour les consommateurs de mollusques fouisseurs et filtreurs (moules , huîtres, coques). Inoffensive pour les coquillages, elle peut provoquer chez l’humain, de graves troubles digestifs, intoxications alimentaires collectives, et fait important à se rappeler, cette toxine est thermostable, elle n’est pas détruite par la cuisson.

Alors que le Bélon subit déjà une pollution bactérienne à Escherichia coli avec interdiction de pêche à pied depuis le 13 mai, voici donc une 2° mauvaise nouvelle.

Petite mise au point :

Ne confondons pas ces 2 dangers : l’un vient de la terre, l’autre de la mer, 2 intoxications potentielles de causes différentes bien que faisant suite, toutes 2, à la consommation de coquillages contaminés.

Danger terrestre : des bactéries fécales comme E.Coli, venant  soit :

– des animaux : sur notre bassin versant du Bélon, essentiellement les porcs. Leurs lisiers épandus en trop grande quantité sont chargés en bactéries et viennent du tube digestif animal. Ils ruissellent sur un sol privé de haies, de talus, de zones humides (car artificialisées) qui jouaient un rôle de ralentisseur et de tampon ;

– des humains : bactéries également éliminées de notre tube digestif, évacuées dans un réseau d’assainissement vieillissant et défaillant (fuites) qui les rejette dans l’estuaire et la mer.

Danger maritime : les toxines planctoniques, molécules fabriquées par le phytoplancton (micro algues) venant de la mer, libérées et concentrées également dans la chair des coquillages filtreurs.

La qualité des eaux estuariennes est déterminée par nos activités terrestres qui peuvent l’enrichir, «l’eutrophiser» , c’est à dire la déséquilibrer.

L’abondance, la diversité et la répartition du plancton venant de la mer en dépendent.

Certaines microalgues (les moins bonnes pour la photosynthèse et la richesse en protéines, oméga 3 etc…) résistent, s’adaptent plus que d’autres à la qualité médiocre de l’eau.

Dinophysis trouve sans doute dans le Bélon, comme dans d’autres estuaires de nos côtes actuellement, une nourriture idéale pour sa croissance et sa multiplication.

Bien que son développement soit assez faible, il suffit d’une faible concentration pour qu’il soit toxique.

Si sa présence s’explique par des facteurs environnementaux complexes, le changement climatique et les variations de salinité, lumière, température le dérangent beaucoup moins que les fragiles diatomées. Il supporte manifestement bien une augmentation de la température de l’eau.

En ce jour de deuxième prélèvement de juin, il semble un peu moins abondant, très entouré de nombreux autres Dinoflagellés mais il ne nous lâche pas.

Et ce sont même 2 espèces différentes que nous repérons ce 26 juin .

Première observation de l'espèce : Dinophysis tripos

En conclusion , un plancton du Bélon «etre karez ha rond» («entre carré et rond» comme on dit en breton) c’est à dire «mitigé», pas très bon.

Attendons la publication des décisions de l’ARS et de l’Ifremer..

A suivre …

 

NB : Il est vivement conseillé aux pêcheurs à pied de toujours consulter le site : pecheapied-responsable.fr avant de partir  récolter les moules, palourdes et autres coquillages de leur choix, pour s’informer de la qualité de l’eau sur leur lieu de récolte.

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