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Quelle eau buvons-nous ?

La production d’eau potable (ici l’usine du Zabrenn à Quimperlé) est passée dans le giron communautaire le 1er janvier 2019, tout comme l’assainissement. © Archives Ouest-France

10 mai 2023 : Visite de la station de pompage du Zabrenn à Quimperlé et traitement de l’eau potable.

Un groupe de 12 personnes de RBBBM a été accueilli par Stéphane Picol responsable technique de la station, en présence de Daniel Hanocq élu à Quimperlé Communauté, qui désire le soutenir pour répondre également à nos questions

Cette Station, inaugurée en 2010, est subventionnée à 75 % par Quimperlé Communauté .QC a repris la distribution de l’eau et l’assainissement depuis 2019. Il existe 25 stations d’épurations en amont de l’Ellé et de l’Isole. Avec 6 techniciens salariés sur place, elle pompe l’eau  principalement dans l’Isole, et en complément dans l’Ellé. Elle dessert les 16 communes de QC, mais Moëlan reçoit aussi l’eau de la « Belle Angèle » à Pont Aven .

La station a 24h d’autonomie, elle dépend des coupures d’EDF. La surveillance est constante de la part des techniciens et implique des astreintes en continu et une grande responsabilité .

Divers écrans de surveillance du territoire, en continu, nous ont été expliqués sommairement, ainsi que le déclenchement des alertes , le détachement d’équipes en urgence à toute heure sur le terrain.

En 2028 , sera instauré un tarif unique de l’eau. Les grosses entreprises (Bigard, Papeteries …) bénéficient d’un tarif vert.

Etapes du traitement de l’eau pour la déclarer potable :

A l’arrivée dans la station :

  •  contrôle 1 : s’assurer que l’eau n’est pas polluée, vérification notamment des niveaux d’hydrocarbure et d’ammoniaque qu’elle contient.
  •  stockage dans une bâche d’alerte d’une capacité de 1 500 m3. Si l’une des rivières s’avère être contaminée, l’eau est bloquée dans ce réservoir, empêchant la pollution de toute la station.
  • 2 phases de décantation : -avec du polymère amplifiant l’effet de coagulation des résidus, qui viennent se déposer au fond des cuves ; – avec du charbon actif en poudre, permettant à l’eau de se délester des micros polluant. Concernant le traitement proprement dit, on utilise : – du gaz carbonique et du lait de chaux pour augmenter la teneur en calcaire ; – de la soude pour atteindre le pH réglementaire situé entre 6,5 et 9 ; – enfin, du chlore pour traiter l’eau sur le plan microbien. Environ 3,5 litres de javel sont ajoutés pour 400 000 litres d’eau.
  • Pour la distribution de l’eau, les canalisations de Trémeven et Guilligomarc’h ont été refaites avec des tuyaux en polyéthylène pour 3 Millions d’euros .

400 paramètres sont pris en compte pour l’analyse de l’eau.(400 paramètres ne veut pas dire 400 substances toxiques recherchées , les paramètres sont : température de l’eau, conductivité, Ph , turbidité et matières en suspension , oxygène dissous , chlorophylle a , phosphore total , composés azotés, coliformes fécaux etc…)

Nos questions ont porté sur le métolachlore et nos inquiétudes devant l’assouplissement des seuils .

Nous savions par courrier de QC à la mairie, que la Station avait changé la qualité du charbon actif (plus fin) et sa fréquence de renouvellement pour abaisser les concentrations.

Et, en effet aucune commune de QC ne dépasse le nouveau seuil de 0,9µg/L,  avec une concentration de 0,4µg/L au maximum.

Ce nouveau seuil, dont le calcul est très complexe à expliquer, conduisait bien sûr à des suspicions de la part des consommateurs .

Plus de transparence ou de pédagogie aiderait !

Inquiétude aussi face à l’effet cocktail, sur notre santé, des centaines de pesticides utilisés sur les cultures et de leurs métabolites.

Chaque jour de nouvelles molécules apparaissent, notre liste serait longue, dont les « pfas » (composés perfluorés, imperméabilisants , anti taches … ) dont on parle beaucoup actuellement . 20 pfas sont normalement ciblés par la directive européenne 2020 . (Voir les études de l’ANSES).

Difficiles à éliminer avec les méthodes actuelles, ou à un coût trop élevé (encore plus de charbon actif, très cher, et autres procédés , nanofiltration inenvisageable actuellement), ce sujet est éludé par nos interlocuteurs…

Pour mesurer l’effet cocktail, l’avenir serait dans ce que l’INRAE et diverses Start up mettent au point, comme l’utilisation d’échantillonneurs passifs et l’effet directement sur le vivant (mesurant le stress oxydatif ) car la recherche molécule par molécule, est sans fin. On ne sait d’ailleurs pas toujours quoi rechercher.

Il est vrai qu’on n’en finit pas d’être contraints à faire du « curatif », au détriment du préventif !

Les traitements sont de plus en plus coûteux et ce sont les consommateurs qui supportent le coût et non les pollueurs.

On sait, de plus, que dans certaines conditions, des métabolites dangereux (THM) se forment en présence du chlore ajouté en station.

On connaît ces conditions qui dépendent de la charge en matière organique de l’eau arrivant à la station (cours d’eau modifiés, modification sédimentaire, thermique en raison de l’artificialisation des berges ou des zones humides, eaux stagnantes dans des étangs, des retenues, favorisant une mauvaise oxygénation, appauvrissant faune et flore).

Cela montre bien que le problème de la qualité de l’eau , c’est le problème de la qualité « écologique » de l’eau (charge en micro organismes…) et non pas seulement sa qualité chimique.

L’eau que nous buvons en Finistère, vient avant tout de nos rivières, car nous avons peu de nappes souterraines, d’où sa vulnérabilité aux pollutions et à la pluviométrie.

Le préventif c’est donc agir sur nos sols .

Mais nos questions dépassent les capacités de la Station de Quimperlé.

Nos interlocuteurs se sont voulus rassurants, l’eau est très contrôlée, leur travail est effectué sérieusement . La station met tout en œuvre pour répondre à la réglementation avec un personnel qui nous a semblé très motivé.Aucune raison de consommer de l’eau en bouteille en dehors d’une grosse pollution accidentelle, nous affirment-t’ils .

Cette opinion rejoint ce que nous dit ERB dans son dernier numéro (197), car l’eau de source ne serait pas non plus indemne de toute pollution .

QUESTIONS ET DISCUSSION :

Mais comment convaincre le consommateur si nous n’avons pas d’arguments plus explicites ni de tableau comparatif honnête?

Le problème est la pertinence des normes réglementaires, élaborées par consensus, au niveau européen.

Ce compromis diminue l’exigence sanitaire (malgré les conseils experts) et ne concerne que des normes pour adultes.

Pouvons-nous affirmer réellement sur notre territoire qu’il vaut mieux boire l’eau du robinet plutôt que celle en bouteille ? Force est de constater que nous n’avons pas tous les arguments que nous souhaiterions .

Encore trop élevés , les nitrates dans l’eau de nos rivières ont diminué grâce aux normes européennes. Mais reste l’objectif de les éliminer et de diminuer toutes les pollutions à la source.

La qualité de l’eau arrivant à la station dépend de la qualité des sols qu’elle traverse, nous l’avons déjà dit.

Une inquiétude pour nous : la protection des zones de captages  qui reste un sujet majeur. Il faut obtenir que ces zones soient absolument sans pesticides,  l’objectif n’est pas encore atteint .

Il n’y a a pas d’ambition réelle,  pas de politique suffisamment volontariste pour améliorer la qualité de l’eau potable, pour l’instant, nous rappelle la FNE .

Cette fédération de plus de 9000 associations, n’a pas obtenu d’échéance à 10 ans pour ce problème crucial.

Il y a pourtant des pistes pour aider à sortir du modèle de l’agroindustrie .

Autre question : la préservation , la disponibilité de l’eau en raison du réchauffement climatique.

Nécessité d’une meilleure connaissance des usages, des utilisations, le problème des réserves collinaires sur notre territoire, des forages non déclarés, cela fait débat : minimisé par nos interlocuteurs, alors que cela peut représenter des quantités énormes. Il y a une vraie méconnaissance à ce sujet.

Le plan EAU doit combler ces lacunes.

Cette visite nous a apporté une réelle connaissance technique mais nos questions restent encore nombreuses.

 

Rvieres Bocage

Auteur RBBBM

Publie les articles du CA RBBBM

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