Le 28 novembre 2023, RBBBM était partenaire, avec d’autres associations environnementales, de la soirée ciné débat autour d’un beau documentaire sorti en 2023 :« De l’eau jaillit le feu » de Fabien Mazzoco .
Filmé dans le MaraisPoitevin, il met en scène les acteurs d’une lutte obstinée pour sa préservation .
Mais la bataille de l’eau ne concerne pas que la bien nommée« Venise verte », elle nous guette également en Finistère : si notre nappe phréatique ne permet pas les mégabassines , les retenues collinaires se multiplient, représentant des milliers de cubes d’eau, et ont le même but :
l’irrigation céréalière principalement.
Accaparer, à des fins privées (céréaliers travaillant majoritairement pour l’export), ce bien public vital, au mépris de l’intérêt commun, des besoins des populations locales, suscite une crainte justifiée.
Dans cette vaste zone humide, le drame de l’assèchement des rivières, causé par leur drainage hémorragique et par les forages alimentant les 16 mégabassines actuelles (18 ha chacune), fait l’effet d’un choc .
Il est appuyé par les témoignages parfois poignants de ceux qui ont vécu une dégradation progressive de leur environnement.
Et pourtant, le constat de l’effondrement dramatique de la biodiversité n’empêche pas le projet de 200 mégabassines supplémentaires en France !
Le film montre bien comment l’eau peut être cadenassée, les vannes ouvertes ou fermées au bon gré des grands producteurs de maïs notamment , sans que les petits agriculteurs et producteurs ne puissent rien faire. Certains n’ont d’autre perspective que la fuite.
Pour beaucoup de communes bretonnes, l’eau vient de loin et nous ne sommes pas à l’abri de pénuries. Certaines ont déjà été privées d’eau lors de la sécheresse de 2022.
Nos petites zones humides sont cruciales, réserves d’eau naturelles, précieuses pour leur effet tampon, capteur de polluants, et si riches en biodiversité. Il ne faut donc surtout pas les drainer de façon prolongée au profit de retenues artificielles soumises à évaporation.
Le débat suivant la projection, permet de pointer déjà les conflits émergents :
Surconsommation d’eau dans les campings (multitudes de mobil homes équipés de WC et douches individuels), forages illégaux sans contrôle , détournements de cours d’eau à des fins personnelles, la liste est longue sur notre territoire.
Avec beaucoup d’humanité, cette projection suscite alternativement l’émerveillement , l’angoisse, l’admiration, la colère, la révolte…et montre comment les opposants , injustement taxés d’écoterroristes, sont lourdement réprimés. Plusieurs personnes dans la salle, ont témoigné de leur vécu à Sainte Soline.
Hélas, ce documentaire est peu diffusé, alors qu’il attirerait le public, puisque nous sommes tous concernés. Hier, à Moëlan le cinéma était comble .
Il nous faut en parler, favoriser sa sortie en salle, partout sur notre territoire.
Les associations encouragent la population à lutter, à manifester, faire pression pour éviter ces catastrophes annoncées. Il faut aller vers les décideurs , les préfectures … L’État, c’est nous aussi !
Le partage de l’eau devrait effectivement être discuté et décidé collégialement entre opposants, agriculteurs et administrations. Des terres où la gestion de l’eau se fait en commun, est-ce un rêve ?